Deuxième billet, troisième jour.
L'été s'est jeté sur nous avec fureur. On a ouvert grand les fenêtres, le soleil de mars déferle, on se perd dans un ciel enfin bleu depuis nos cours d'immeuble, à défaut de le faire depuis la plage ou la forêt. Les pessimistes y verront un malheur de plus et une ironie tragique. Loin de moi d'être dérangé par les rayons chauds dans le dos alors qu'on improvise une recette plus ou moins réussie.
La cuisine devient une des activités les plus réjouissantes de nos journées. On y passe délibérément du temps. Je m'y adonne avec beaucoup plus de soin et de minutie que d'habitude. Émincer un oignon devient un acte qui relève d'un artisanat soigné, précis et délicat - porcelaine de Limoges, marbre de Carrare. Surtout, surtout, on redécouvre, avec délice ou angoisse, que cuisiner, c'est surtout l'art des restes. On ouvre frigo et placard et l'on doit souvent se résoudre à combiner divers éléments du système - vieux pesto, restes de riz, gousse d'ail oublié, conserve non identifiée - pour sinon donner du sens, du moins produire un mets agréable. On fait avec, on rafistole, et le riz aux légumes saugrenus qui fume dans les dernières assiettes propres a des odeurs d'ambroisie.
La cuisine est un de ces moments que l'on attend, auquel on s'adonne avec lenteur pour ne pas en gaspiller le suc trop vite : de même, la douche, le bon livre à finir, la vaisselle, parfois, même. Activités trop riches, trop agréables, il faut les étendre. Mon rapport au temps, ces temps-ci, sans être vraiment altéré, est cependant quelque peu changé : on sent davantage l'épaisseur des journées qui ne passe pour autant très lentement...
Notre routine s'installe en tout cas, et les infinies variations des journées prennent une importance majeure. C'est l'effet que me fit une petite balade que je m'autorisais hier après-midi, en proie que j'étais à un indéniable étouffement. J'errais autour des rues qui environnent Alésia, l'avenue du général Leclerc, rues résidentielles encore plus silencieuses que d'habitude. Rayons de soleil, joggeurs, badauds apparaissaient parfois. Une ville abandonnée.
Lecture plus que de circonstance, j'avance dans le Hussard sur le toit, espérant à mon tour être, comme Angelo, au comble du bonheur dans un été monstrueux. Nous écoutons des chansons de Neil Diamond, je regarde des lives d'Elvis.
"Et, actuellement, je ne connais pas de repos plus magnifique que celui qui consiste, quand on le peut, à se perdre dans la nuit des temps.", dit Giono dans Noé. Rien de plus adéquat par les temps qui courent.
https://www.youtube.com/watch?v=3zHZzxJtOKw
L'été s'est jeté sur nous avec fureur. On a ouvert grand les fenêtres, le soleil de mars déferle, on se perd dans un ciel enfin bleu depuis nos cours d'immeuble, à défaut de le faire depuis la plage ou la forêt. Les pessimistes y verront un malheur de plus et une ironie tragique. Loin de moi d'être dérangé par les rayons chauds dans le dos alors qu'on improvise une recette plus ou moins réussie.
La cuisine devient une des activités les plus réjouissantes de nos journées. On y passe délibérément du temps. Je m'y adonne avec beaucoup plus de soin et de minutie que d'habitude. Émincer un oignon devient un acte qui relève d'un artisanat soigné, précis et délicat - porcelaine de Limoges, marbre de Carrare. Surtout, surtout, on redécouvre, avec délice ou angoisse, que cuisiner, c'est surtout l'art des restes. On ouvre frigo et placard et l'on doit souvent se résoudre à combiner divers éléments du système - vieux pesto, restes de riz, gousse d'ail oublié, conserve non identifiée - pour sinon donner du sens, du moins produire un mets agréable. On fait avec, on rafistole, et le riz aux légumes saugrenus qui fume dans les dernières assiettes propres a des odeurs d'ambroisie.
La cuisine est un de ces moments que l'on attend, auquel on s'adonne avec lenteur pour ne pas en gaspiller le suc trop vite : de même, la douche, le bon livre à finir, la vaisselle, parfois, même. Activités trop riches, trop agréables, il faut les étendre. Mon rapport au temps, ces temps-ci, sans être vraiment altéré, est cependant quelque peu changé : on sent davantage l'épaisseur des journées qui ne passe pour autant très lentement...
Notre routine s'installe en tout cas, et les infinies variations des journées prennent une importance majeure. C'est l'effet que me fit une petite balade que je m'autorisais hier après-midi, en proie que j'étais à un indéniable étouffement. J'errais autour des rues qui environnent Alésia, l'avenue du général Leclerc, rues résidentielles encore plus silencieuses que d'habitude. Rayons de soleil, joggeurs, badauds apparaissaient parfois. Une ville abandonnée.
Lecture plus que de circonstance, j'avance dans le Hussard sur le toit, espérant à mon tour être, comme Angelo, au comble du bonheur dans un été monstrueux. Nous écoutons des chansons de Neil Diamond, je regarde des lives d'Elvis.
"Et, actuellement, je ne connais pas de repos plus magnifique que celui qui consiste, quand on le peut, à se perdre dans la nuit des temps.", dit Giono dans Noé. Rien de plus adéquat par les temps qui courent.
https://www.youtube.com/watch?v=3zHZzxJtOKw
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