Deuxième billet, troisième jour. L'été s'est jeté sur nous avec fureur. On a ouvert grand les fenêtres, le soleil de mars déferle, on se perd dans un ciel enfin bleu depuis nos cours d'immeuble, à défaut de le faire depuis la plage ou la forêt. Les pessimistes y verront un malheur de plus et une ironie tragique. Loin de moi d'être dérangé par les rayons chauds dans le dos alors qu'on improvise une recette plus ou moins réussie. La cuisine devient une des activités les plus réjouissantes de nos journées. On y passe délibérément du temps. Je m'y adonne avec beaucoup plus de soin et de minutie que d'habitude. Émincer un oignon devient un acte qui relève d'un artisanat soigné, précis et délicat - porcelaine de Limoges, marbre de Carrare. Surtout, surtout, on redécouvre, avec délice ou angoisse, que cuisiner, c'est surtout l'art des restes . On ouvre frigo et placard et l'on doit souvent se résoudre à combiner divers éléments du système - vieu